Actions culturelles

Formation, Transmission

La transmission et la formation sont inscrites au cœur même du projet de la compagnie. C’est un travail que Christine Letailleur a mené plusieurs années au Théâtre national de Bretagne, au Conservatoire de Liège et qu’elle poursuit aujourd’hui au Théâtre national de Strasbourg  et au Studio d’Asnières. Elle y mène des stages et des masterclass de plusieurs semaines autour de la découverte d’auteurs comme Heiner Müller, Ersnt Toller, Bertolt Brecht, Aiat Fayez, Elfriede Jelinek… Elle est également membre du jury de l’Ecole du TNS et du Studio d’Asnières pour les concours de recrutement des élèves comédiens et scénographes-costumiers.

« Faire travailler de jeunes comédiens me permet non seulement de les former mais aussi de les distribuer dans mes spectacles. J’ai toujours défendu l’emploi de jeunes acteurs dans mes projets : par exemple, dans les spectacles Le Château de Wetterstein, Le Banquet, Hinkemann, Les Liaisons dangereuses et Baal, j’ai employé des élèves comédiens sortant de l’école du TNB, du TNS et du Conservatoire de Liège. J’ai également distribué un jeune acteur sortant du studio d’Asnières, Marco Caraffa, pour interpréter un seul en scène, les Carnets de Galère d’Aiat Fayez. Choisir de jeunes comédiens sur ses spectacles, c’est prendre des risques, c’est miser sur de jeunes talents, c’est passer plus de temps avec eux qu’on ne le ferait avec des acteurs plus aguerris, c’est donner de soi. C’est être à l’écoute et aimer transmettre »

Avec les publics : ateliers de pratique artistique & rencontres

Christine Letailleur et la compagnie mènent un travail de transmission et d’accompagnement des publics depuis de nombreuses années.

Après avoir fait une résidence au Lycée de Retiers, autour de la reprise de la mise en scène du Banquet de Platon par Christine Letailleur en 2014, elle a continué à faire des rencontres et des ateliers dans des lycées géographiquement éloignés des lieux culturels. En 2015, avec le Théâtre national de la Colline se sont mis en place dans le cadre du « Programme Education et Proximité » (initié par la Colline, le TNS et la Comédie de Reims – CDN), de nombreux ateliers autour du spectacle Hinkemann, ainsi que des stages de pratique et de réécriture sur le thème de la réappropriation de la mémoire à partir des récits de la guerre 14-18 avec un croisement des classes de troisième et de seconde. Des classes de primo-arrivants ont également participé à ces ateliers. En 2016, autour des Liaisons dangereuses, Christine Letailleur a organisé des ateliers sur la scénographie et la réalisation des costumes, par exemple aux Beaux-arts de Rennes et avec certaines classes de BTS afin de leur faire découvrir l’univers du costume et les métiers du théâtre. En 2017, autour de Baal, des ateliers ont été réalisés sur les écrits et les poésies de jeunesse de Brecht au TNB et à la Colline. A chaque projet, Christine Letailleur pense et construit un programme d’ateliers spécifique lié aux enjeux artistiques du spectacle.

Fabrik Théâtre souhaite développer encore ses échanges avec les universités comme par exemple avec les classes en Arts du spectacle de l’université Paris VIII, de Paris X, et les étudiants de la « New York University » de Paris, en collaboration avec Martial Poirson avec lequel Christine Letailleur a déjà fait diverses rencontres et entretiens. En mai 2020, l’université de Lille et de Paris X, en collaboration avec la Société internationale de Marguerite Duras, ont invité Christine Letailleur à une journée d’étude autour du théâtre et de l’œuvre de Duras : « Le récit à la scène – La scène dans le récit ».

Les échanges universitaires avec les étudiants, les professeurs, les confrontations d’idées lors des rencontres et des colloques, la rédaction d’articles dans des revues spécialisées sont aussi au cœur du travail de transmission que mène la compagnie. Christine Letailleur participe régulièrement à des colloques : avec Laure Adler, avec Sylvie Martin Lahmani autour de la journée de la femme, avec l’association, « Théâtre et Psychanalyse – L’envers de Paris », autour de l’écriture au féminin… De certains de ces colloques ont émergé des articles qu’elle a écrits dans le magazine « Alternatives Théâtrales » et dans la revue « Théâtre et Psychanalyse ».

Christine Letailleur porte un intérêt particulier aux femmes en difficulté, en souffrance et pour lesquelles le théâtre est un objet très lointain voire inexistant. Afin de poursuivre le travail qu’elle a mené auparavant au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes, elle souhaite rencontrer à nouveau des associations de femmes en difficulté comme elle l’a déjà fait, par exemple à Strasbourg avec les associations « SOS Femmes » et « Femmes de talents ». Pour ces femmes, en collaboration avec le service des relations publiques du TNS, elle a imaginé un parcours théâtral complet autour de L’Eden Cinéma : ateliers ; visites du plateau, des décors, des coulisses, des loges ; échanges avec la costumière et les acteurs ; venues au spectacle et des rencontres après.  Christine Letailleur a également mené des ateliers avec une association à Strasbourg s’occupant de jeunes hommes en cours de désintoxication.

« Je fais beaucoup d’ateliers et mène un travail avec des personnes éloignées du théâtre afin de créer de la curiosité, du désir et du lien social. »

Christine Letailleur participe à la démarche du TNS pour l’accessibilité des plateaux de théâtre aux jeunes artistes issus de la diversité. En 2017, elle a été membre du jury pour le recrutement des jeunes acteurs du « Programme Premier Acte ».

Autour de l’exploitation de ses spectacles, la compagnie organise avec les cinéma d’art et essai, la projection d’œuvres cinématographiques en lien avec la création. Elle l’a fait dernièrement, en 2020, au cinéma STAR de Strasbourg avec la projection d’Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh autour de L’Eden Cinéma. Ces rencontres dans divers cinémas permettent de dialoguer avec des publics qui ne vont pas forcément au théâtre et de leur donner envie d’y venir.

Avec Radio France, elle souhaite poursuivre le travail radiophonique qu’elle a déjà mené avec l’enregistrement des pièces Hiroshima mon amour, Les Évidences Nocturnes, La Vénus à la fourrure et les montages de textes de George Bataille et de Casanova.

Edition

Christine Letailleur a été éditée aux Solitaires Intempestifs pour ses adaptations de La Philosophie dans le boudoir de Sade, La Venus à la fourrure de Sacher Masoch et les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. D’autre part, grâce au travail qu’elle a réalisé sur Ernst Toller, les pièces Hinkemann et L’Homme et la Masse ont fait l’objet d’une parution à l’Avant-Scène Théâtre. De plus, la mise en scène de Baal (dans sa version de 1919) de Bertolt Brecht a permis l’édition à l’Arche de la traduction d’Eloi Recoing.

Masterclass

Atelier au Studio-théâtre d’Asnières dirigé par Christine Letailleur en octobre et novembre 2020

En octobre et novembre 2020, Christine Letailleur a mené, au Studio d’Asnières, avec des apprentis comédiens de 2eme et 3eme année, un atelier de recherche et de pratique autour de la thématique de l’exil en se penchant sur des textes de Marina Skalova, Exploration du flux, publié au Seuil en 2018, et d’Aiat Fayez, notamment Angleterre, Angleterre, édité à l’Arche en 2016. «J’avais commencé à écrire ce texte (Exploration du flux), dit Marina Skalova, à cause de la colère et de l’impuissance/la colère s’est atténuée, s’est émoussée […]/la colère s’est usée/l’impuissance est restée.

« Ce qui est intéressant avec les textes de Marina Skalova et d’Aiat Fayez, c’est que ce sont des miroirs du monde et qu’ils permettent de sensibiliser de jeunes comédiens aux tragédies d’aujourd’hui, celles des migrations contemporaines, et de les faire travailler sur des langues différentes. »

Atelier au TNS dirigé par Christine Letailleur du 6 juin au 13 juillet 2017

« Je souhaite faire travailler les élèves du groupe 44 du TNS sur l’un des plus grands dramaturges allemands du XXème siècle, Heiner Müller qui fut aussi poète, directeur du Berliner Ensemble et metteur en scène. Né en 1929 à Eppendorf et mort en 1995 à Berlin,il vécut sous deux dictatures : l’Allemagne nazie et la RDA. Héritier et critique de Brecht, il a réalisé une œuvre singulière composée d’entretiens, de poèmes, de réécritures de mythes, de pièces anciennes et aussi inédites inscrivant au cœur de celle-ci le concept d’Histoire. Sa langue est unique, à la fois puissante, poétique, politique et philosophique. Nous aborderons certains récits comme Père, Rapport sur le grand-père, La Croix de fer… Nous nous pencherons plus particulièrement sur La Bataille et Hamlet-Machine. Jean-Jourdeuil, traducteur et spécialiste  de l’œuvre de Heiner Müller, interviendra dans cet atelier afin de faire part aux élèves de son expérience : sa découverte de Müller, son travail de traducteur, de metteur en scène notamment sur Hamlet-Machine en 1979. »

Atelier au Studio-théâtre d’Asnières dirigé par Christine Letailleur du 11 septembre au 20 octobre 2017

« Après avoir travaillé avec les élèves du TNS notamment sur La Bataille, Hamlet-Machine, Paysage avec Argonautes, je souhaite poursuivre mon travail avec les apprentis-comédiens du CFA d’Asnières sur Heiner Müller dont l’œuvre reste d’une grande modernité. Nous nous intéresserons aux récits autobiographiques, traverserons une pièce de guerre, Tracteur, et son adaptation des Liaisons dangereuses, Quartett. »

Christine Letailleur

« Résidences sur mesure – Berlin – 2018 »

En 2018, Christine Letailleur a été lauréate de « Résidences sur Mesure » soutenue par l’Institut français à Paris. Fin 2018, elle est partie cinq semaines à Berlin pour poursuivre une recherche qu’elle souhaitait mener sur les écritures contemporaines d’outre-Rhin.

Par l’intermédiaire de Laurent Mulheisen, traducteur et spécialiste du théâtre contemporain allemand, de Claire Stavaux et de Judith Walter des éditions l’Arche, de Christa Müller, dramaturge au Deutsches Theater, de Diane Sinizergues de l’Institut français à Berlin et d’Ophélia Pishkar, architecte et traductrice, elle a découvert des jeunes auteurs comme Calle Fuhr, Katja Brunner, Bonn Park, Wolfram Höll, Dirk Laucke, Nino Haratischwili, Wolfram Lotz, et des moins jeunes comme Claudius Lünstedt, Rebekka Kricheldorf, Dominik Busch, Simone Kurche.

« Je suis revenue de Berlin, enthousiaste, avec des désirs et des rêves. Etant une européenne convaincue, il me semble que nous, les artistes, avons un rôle à jouer même si ce dernier reste modeste. Faire des échanges, nouer des relations, tisser des liens avec des auteurs, des dramaturges, des comédiens, des traducteurs, du monde me semble très important aujourd’hui par ces temps de repli sur soi et de pessimisme. Faire en sorte que les artistes européens se rencontrent, élaborent des projets, c’est aller au-delà des préjugés et des frilosités, c’est créer un esprit de communauté européen ; nous avons besoin de créer un rêve européen. – Christine Letailleur »