Actions culturelles

Action auprès des publics empêchés

Après les diverses expériences menées notamment, à la prison des femmes à Rennes, avec des associations de femmes en difficulté « SOS Femmes » et « Femmes de talents » et diverses associations d’insertion à Strasbourg, Christine Letailleur développe en Ile-de-France des actions auprès de réfugiés pour les aider dans l’apprentissage du français par le biais d’un spectacle ludique et des ateliers de pratique.

En 2023, elle a monté un petit spectacle, Les fables de la Fontaine, qui a été présenté dans des cours d’alphabétisation parisiens du 20ème et du 19ème arrondissement de Paris (bibliothèque Couronne, bibliothèque place des Fêtes, dans les associations d’Autremonde, de Kolone, de La Fasti et de La Cantine des Pyrénées). En 2024 et 2025, ce petit spectacle se poursuivra dans d’autres centres d’alphabétisation et dans des centres sociaux d’Ile-de-France.

En janvier 2024, Fabrik théâtre a présenté aux apprenants de l’association Autremonde Carnets de galère d’Aiat Fayez avant de démarrer un atelier de pratique de plusieurs mois. Avec certains apprenants, Christine Letailleur et Marco Caraffa, acteur de Carnets de galère et des fables de La Fontaine, mènent, depuis début 2024, un atelier hebdomadaire sur les contes du monde entier aux Plateaux Sauvages et à Autremonde soutenu par la mairie du 20ème.

En septembre 2024, aura lieu à Autremonde, une restitution du travail, sous la forme d’une « veillée » contes.

« Les contes permettent de mémoriser des mots, des expressions, d’appréhender l’apprentissage de la langue avec plaisir. Il est indéniable que le théâtre donne des outils pour mieux vivre ensemble, aide à la cohésion sociale : il peut aider à donner de l’assurance, de la confiance en soi, surtout quand on doit s’exprimer dans une langue qui n’est pas la nôtre. Et puis, c’est un espace de libertés qui aide à construire voire à reconstruire du lien. Christine Letailleur »

Formation, Transmission

La transmission et la formation sont inscrites au cœur même du projet de la compagnie. C’est un travail que Christine Letailleur a mené durant plusieurs années au Théâtre national de Bretagne, au Conservatoire de Liège, et mène au Théâtre national de Strasbourg et au Studio d’Asnières. Elle y dirige des stages de plusieurs semaines autour de la découverte d’auteurs comme Heiner Müller, Ernst Toller, Bertolt Brecht, Aiat Fayez, d’autrices comme Marina Skalova, Elfriede Jelinek… Elle est également membre du jury de l’Ecole du TNS pour les concours de recrutement des élèves comédiens et scénographes-costumiers et du Studio d’Asnières pour le recrutement des élèves comédiens.

Stages pour apprentis comédiens

Ces dernières années, elle a mené avec les élèves comédiens du TNS un stage sur La Bataille, Hamlet-Machine, Paysage avec Argonautes d’Heiner Müller, et continué à faire découvrir cet auteur majeur du 20ème siècle en faisant travailler les apprentis-comédiens du CFA d’Asnières sur les récits autobiographiques, Guerre sans bataille, et sur la pièce Tracteur.

En 2020/21, elle a fait un stage au Studio d’Asnières avec des apprentis comédiens de 2ème et 3ème année, sur le Monologue de l’exil et Angleterre, Angleterre, d’Aiat Fayez, publiés à l’Arche, ainsi que sur des textes de Marina Skalova, Exploration du flux, publié au Seuil : « Ce qui est intéressant avec ces auteurs, c’est que ce sont des miroirs du monde, qu’ils permettent de sensibiliser de jeunes comédiens aux tragédies d’aujourd’hui, celles des migrations contemporaines ».

Fin 2023, elle a fait un stage de six semaines avec des apprentis comédiens de 2ème et 3ème années de L’ESCA d’Asnières sur Les Suppliants d’Elfriede Jelinek.

« Faire travailler de jeunes comédiens me permet non seulement de les former mais aussi de les distribuer dans mes spectacles. J’ai toujours défendu l’emploi de jeunes acteurs dans mes projets : par exemple, dans les spectacles Le Château de Wetterstein, Le Banquet, Hinkemann, Les Liaisons dangereuses et Baal, j’ai employé des élèves comédiens sortant de l’école du TNB, du TNS et du Conservatoire de Liège. J’ai également distribué un jeune acteur sortant du studio d’Asnières, Marco Caraffa, pour interpréter un seul en scène, les Carnets de Galère d’Aiat Fayez. Choisir de jeunes comédiens sur ses spectacles, c’est prendre des risques, c’est miser sur de jeunes talents, c’est passer plus de temps avec eux qu’on ne le ferait avec des acteurs plus aguerris, c’est donner de soi. C’est être à l’écoute et aimer transmettre »

Avec les publics scolaires

Collèges/lycées

Autour de ses spectacles, en partenariat avec les théâtres qui l’accueille, Christine Letailleur mène des ateliers pour préparer la venue des élèves aux spectacles : « Pour chaque projet, je pense et construis un programme d’ateliers spécifique lié aux enjeux artistiques du spectacle que je crée. A titre d’exemples, avec le Théâtre de la Colline, mon équipe artistique et moi-même, avons fait dans le cadre du Programme Education et Proximité, de nombreux ateliers autour du spectacle Hinkemann, ainsi que des stages de pratique et de réécriture sur le thème de la réappropriation de la mémoire à partir des récits de la guerre 14-18 avec un croisement des classes de troisième et de seconde. Des classes de primo-arrivants ont également participé à ces ateliers ».

En 2017, autour de Baal, des ateliers ont été réalisés avec des classes de collèges sur les écrits et les poésies de jeunesse de Brecht au TNS et à la Colline.

Autour des Liaisons dangereuses, de la réécriture et la découverte d’œuvre du répertoire, des ateliers sur la scénographie et la réalisation des costumes, ont été mis en place aux Beaux-arts de Rennes, dans des classes de BTS afin de leur faire découvrir l’univers du costume et les métiers du théâtre ainsi qu’avec les élèves des différentes classes du TNS (costumiers, comédiens et techniciens).

Autour de la création de L’Eden Cinéma de Duras au TNS et à Paris, diverses actions autour du spectacle ont dû être annulées suite au covid sauf celles se déroulant durant l’exploitation dans la salle même de la représentation (bords plateaux, rencontres avec des collèges et lycées).

Après avoir fait une résidence d’artiste au Lycée Retiers près de Rennes autour du Banquet de Platon, la compagnie prépare avec Aiat Fayez une autre résidence pour 2025.

Les universités

La metteure en scène, ayant un parcours universitaire, collabore très volontiers avec les universités : en septembre 2020, l’université de Lille et de Paris X, en collaboration avec la Société internationale de Marguerite Duras, ont invité Christine Letailleur à une journée d’étude autour du théâtre et de l’œuvre de Duras : « Le récit à la scène – La scène dans le récit ». Elle a créé des échanges avec des universités comme par exemple avec les classes en Arts du spectacle de l’université Paris VIII, de Paris X, et les étudiants de la « New York University » de Paris, en collaboration avec Martial Poirson avec lequel diverses rencontres et entretiens ont été faits.

En 2023, Carnets de galère de Fayez a été représenté au théâtre Qu4tre de l’université d’Angers.
En 2024, Carnets de galère est présenté au Globe de l’université de Lille.
En 2024, elle prépare des étudiants de cinquièmes années de Camondo, école supérieure d’architecture intérieure et de design, pour l’oral des soutenances de masters.

Les échanges universitaires avec les étudiants, les professeurs, les confrontations d’idées lors des rencontres et des colloques, la rédaction d’articles dans des revues spécialisées sont aussi au cœur du travail de transmission que mène la compagnie.

Autour des spectacles

Autour de l’exploitation de ses spectacles, la compagnie organise avec les cinémas d’art et essai, quand cela est possible, la projection d’œuvres cinématographiques en lien avec la création. Lors des représentations de L’Eden cinéma, la metteure en scène a fait une rencontre tout public au cinéma STAR de Strasbourg pour la projection d’Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh. Ces rencontres dans divers cinémas permettent de dialoguer avec des publics qui ne vont pas forcément au théâtre et de leur donner envie d’y venir.

Christine Letailleur participe volontiers à des colloques : avec Laure Adler, avec Sylvie Martin Lahmani autour de Marguerite Duras, de la journée de la femme ; avec l’association, « Théâtre et Psychanalyse-L’envers de Paris », autour de l’écriture au féminin ; avec des psychanalystes comme David Rofé Sarfati autour de la représentation de L’Eden cinéma de Duras aux Abbesses… De certains de ces colloques ont émergé des articles qu’elle a écrits dans le magazine « Alternatives Théâtrales » et dans la revue « Théâtre et Psychanalyse ».

Fin 2023, elle participe, en tant que metteure en scène, au Colloque « Service ou servitude » aux Docks de Paris à Aubervilliers, qui questionne la souffrance des techniciens dans le monde du travail artistique avec Sophie Proust de l’université de Lille, des directeurs techniques, régisseurs et psychologues cliniciens…

Avec Radio France, elle a participé à l’enregistrement des pièces Hiroshima mon amour, Les Évidences Nocturnes, La Vénus à la fourrure et les montages de textes de George Bataille et de Casanova.

Edition

Christine Letailleur a été éditée aux Solitaires Intempestifs pour ses adaptations de La Philosophie dans le boudoir de Sade, La Venus à la fourrure de Sacher Masoch et les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. D’autre part, grâce au travail qu’elle a réalisé sur Ernst Toller, les pièces Hinkemann et L’Homme et la Masse ont fait l’objet d’une parution à l’Avant-Scène Théâtre. De plus, la mise en scène de Baal (dans sa version de 1919) de Bertolt Brecht a permis l’édition à l’Arche de la traduction d’Eloi Recoing.

« Résidences sur mesure – Berlin – 2018 »

En 2018, Christine Letailleur a été lauréate de « Résidences sur Mesure » soutenue par l’Institut français à Paris. Fin 2018, elle est partie cinq semaines à Berlin pour poursuivre une recherche qu’elle souhaitait mener sur les écritures contemporaines d’outre-Rhin.

Par l’intermédiaire de Laurent Mulheisen, traducteur et spécialiste du théâtre contemporain allemand, de Claire Stavaux et de Judith Walter des éditions l’Arche, de Christa Müller, dramaturge au Deutsches Theater, de Diane Sinizergues de l’Institut français à Berlin et d’Ophélia Pishkar, architecte et traductrice, elle a découvert des jeunes auteurs comme Calle Fuhr, Katja Brunner, Bonn Park, Wolfram Höll, Dirk Laucke, Nino Haratischwili, Wolfram Lotz, et des moins jeunes comme Claudius Lünstedt, Rebekka Kricheldorf, Dominik Busch, Simone Kurche.

« Je suis revenue de Berlin, enthousiaste, avec des désirs et des rêves. Etant une européenne convaincue, il me semble que nous, les artistes, avons un rôle à jouer même si ce dernier reste modeste. Faire des échanges, nouer des relations, tisser des liens avec des auteurs, des dramaturges, des comédiens, des traducteurs, du monde me semble très important aujourd’hui par ces temps de repli sur soi et de pessimisme. Faire en sorte que les artistes européens se rencontrent, élaborent des projets, c’est aller au-delà des préjugés et des frilosités, c’est créer un esprit de communauté européen ; nous avons besoin de créer un rêve européen. – Christine Letailleur »